Syrie. Le grand bazar d'orient

Publié le par magda

 

Arrivée tardive à la frontière syrienne ; Et nous qui croyions qu’on parviendrait à regarder le match de l’Italie de l’autre coté de la frontière, c’est finalement dans le bureau enfumé de l’officier chargé de visa qu’Andrea satisfait ses instinct de supporter refoulés en poussant des jurons en italiens qui font sourire l’officier. Mais notre sympathie ne suffit pas, il faut aligner les bakchich, et égrener nos billets verts à chacune des étapes administratives. On peut dire que la Syrie a bien appris de son colonisateur français, ici la bureaucratie façon mille-feuille est digne d’une demande de régularisation pour un « sans-papier » noir en France ! J’arrive à l’étape ultime de la mise en règle de mon véhicule, au troisième étage du bâtiment ; l’officier supérieur me reçoit dans sa chambre : assis sur son lit, en slip et en marcel, la clope au bec. Un autre officier est venu déposer quelques « cadeaux » : des cartouches de cigarettes dédouanées  « offertes » par ceux qui ont besoin de faire oublier quelques petits manquements à la règles. On rentre victorieusement de la frontière après 5 heures de démarches.

C’est fois, plus aucun doute, on a bien les deux pieds en orient.

 Nous sommes heureux d’être enfin capable de communiquer, avec nos quelques mots d’arabe. Mais l’entrée en Syrie marque aussi le début d’un autre monde, où bien des repères occidentaux sont ébranlés. A commencer par notre idée de la liberté de circulation, qui n’a pas grand sens dans cette zone troublée : nous nous trouvons dans une sorte de schizophrénie où l’on ne peut dire où l’on va, si ce n’est , lorsqu’on discute avec d’autres voyageurs, en parlant du « pays interdit » (il n’est pas possible de rentrer en Syrie avec un tampon israélien dans le passeport, et vu la concentration d’agent secrets au mètre carré on évite de dire qu’on a l’intention de s’y rendre, même s’il s’agit des territoires occupés.) Après quelques heures seulement, on devient familier du visage du président Bachar el-Assad placardé à chaque coin de rue, imprimé sur les parbrise arrière, où en statue monumentale au bord de l’autoroute. L'autoroute, parlons-en! Il semblerait que le concept n'ait pas été bien compris par les conducteurs syriens, qui l'empreinte à double sens de chaque côté du terre plein central! Sans compter les camions qui traverse sans phare en pleine nuit pour prendre le contre sens à droite! avis aux amateurs de sensations fortes...

 Aleppe semble avoir gardé la configuration d’une ville médiévale : chaque rue est spécialisée dans un type de commerce. (Ironiquement, notre auberge se trouve dans la rue des pneus :… après avoir parcouru au moins 25 « autolastic shop » en Turquie à la recherche d’un pneu pour Renault, ce hasard nous fait rire jaune !) Pour le reportage, c’est une aubaine : il n’y a qu’à parcourir les rues pour observer les artisans travailler.DSC8760DSC8739

 Je trouve quelques modes de production intéressants ; la fabrication de fromage se fait en famille complète, enfant ; cousins et grands-parents. La partie la plus technique de la fabrication consiste à étirer le fromage à la main, comme la mozzarella. DSC8734DSC8691

 

Dans la rue des forgerons, je trouve de minuscules ateliers, qui correspond bien à mon idée de l'artisan indépendant dans son espace de travail. A bien les observer, je constate cependant que chaqun est spécialisé dans un type de pièce très particulier, ce qui rend le travail exptrémement répétitif. Chaque pièce sera ensuite transférée dans un autre atelier, qui continuera la fabrication de l'objet, et ainsi de suite jusqu'à l'état final. Finalement, ce mode de production ne semble pas si différent d'un chaine fordiste.... à la différence près que le chronomètre n'est pas au dessus de l'épaule du travailleur, que le montant de la fiche de paye n'a pas à être négociée, et que l'heure de la sièste est au choix. DSC8769DSC8771

 

Même déchantement, derrière l’image séduisante de ce petit atelier : son travail consiste à enduire des pots en cuivre d’étain fondu. Travail usant et probablement très dangereux pour la santé. 

 

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Dans cette petite industrie familiale, la technique de souffleur de verre est également un héritage familial. Le verre usagé est brisé en petits morceaux et fondu dans un superbe four en terre: fabriqué à la main, on voit qu'il a été pensé par un maître qui savait comment façonner son outil de manière à pourvoir le mieux travailler. 

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Dans un autre genre de recyclage, une rue est spécialisée dans la transformation de pneus. Cousu à la main, les pneus de camions deviennent des bassines, des sacoche, des sceaux bien sûr, ou même des pièces de moteur.DSC8894DSC8899

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L'un des travaux les plus raffinés que je trouve est la sculpture de plateau en métal, bien typique de la culture orientale. Le plateau est un objet indispensable dans une cuisine orientale, et la taille du plateau étant proportionnelle à celle de la famille où de l'occasion à fêter, on peut facilement arriver à des dimensions gargantuesques.

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Ici encore c'est la famille (branche masculine) qui structure la répartition du travail et la transmission du savoir. Papa garde un oeil ouvert sur le travail de ses chers fils et apprentis. 

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